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Un regard sur l’immigration, la mienne, celle des autres...
21 septembre 2016

Accepter la différence ou pourquoi faudrait-il que les peuples soient uniformes?

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Et si la clé d’une immigration réussie résidait dans la réciprocité. Je respecte ou, mieux encore, j’aime la culture, le pays, le peuple qui m’accueille, et en échange, ce pays et se peuple m’accueille comme je suis?

Ci-dessous, je donne des exemples précis, des anecdotes, de mon expérience d’étranger au Cambodge. J’ai pris la décision libre de venir vivre dans un pays qui n’est pas le mien, je dois m’adapter au pays en question et non pas l’inverse. Mais ceci étant dit, à aucun moment je ne me renie, je reste totalement moi-même. S’adapter, s’intégrer, ne signifie pas abandonner ce que l’on est. J’ai de la chance au Cambodge, je me sens accueilli et aimé comme je suis... peut-être aussi parce que les gens sentent que je les accueille comme ils sont...

Ce dernier élément est important pour une réflexion sur l’intégration. J‘ai certes la volonté de m’intégrer, mais je ressens aussi l’accueil des gens, ce n’est pas à sens unique. Ma volonté de m’intégrer est boostée par l’accueil des gens, et l’accueil des gens booste ma volonté d’intégration. Si le peuple qui habite ici m’empêchait d’être moi-même, aurais-je la volonté de m’intégrer ?

J’aime la différence.

Lorsque j’étais en France je faisais l’expérience d’accueillir la différence dans la personne des nombreux « venus d’ailleurs » qui habitent nos cités et aussi des Rom. Ici, le diffèrent, c’est moi. Je n’ai pas la même couleur, je suis plus grand, plus gros, je suis de culture Française, et, c’est un comble, ici, je suis perçu comme un riche ! Je fais aussi une belle expérience, celle d’être accueilli comme je suis et cela est vraiment très agréable.

Cela m’oblige, en tant qu’étranger au Cambodge, à une sorte de déplacement dans ma perception des évènements quotidiens. J’ai pris la décision d’accepter que les gens soient différents de moi, qu’ils agissent et réagissent différemment. Qui suis-je pour exiger que les autres fassent comme moi d’autant plus que rien ne m’oblige à rester ici ! J’aime beaucoup ce dicton en Anglais “When in Rome, do as the Romans do”, qui pourrait se traduire par « Au Cambodge, fais comme les Cambodgiens ! »

Je vais relater ci- dessous des petits évènements du quotidien qui peuvent être perçus de deux façons différentes. La première serait de juger que décidemment, nous Français, sommes bien supérieur à cela. La seconde consisterait à sourire, constater, accepter et finalement aimer que les choses se passent de cette façon-là et non pas comme moi je m’attendrais à ce qu’elles se passent. Suis- je clair ? Peut-être pas trop ! Tant pis, j’y vais !

Situation 1 : Je prépare actuellement un Associates Degree en Anglais à l’université. Nous commençons juste le deuxième semestre et je me présente donc au bureau d’encaissement auprès duquel j’avais payé, il y a 6 mois de cela, mon premier semestre. Je présente ma carte d’étudiant, la liasse de documents qui m’avaient été remis la première fois et je demande donc à payer le deuxième semestre soit le même montant que le premier, 200$ ! La comptable me reçoit l’air intrigué ! Elle regarde mes documents avec étonnement, pourtant ces documents sont les mêmes que ceux qu’elle voit tous les jours, ce n’est pas moi qui les ai inventés ! Puis elle cherche mon nom sur une liste, elle le trouve, normal puisque je suis inscrit ! Mais pourtant elle semble ne pas comprendre. Elle passe un coup de téléphone avec tous mes documents en main. Elle me demande d’attendre un peu, elle s’occupe de 2 personnes qui attendaient, qui ont les mêmes documents que moi, qui payent et qui sortent avec le même reçu que celui que j’ai moi-même reçu il y a 6 mois. Elle me sourit, et me dit : c’est 200$... J’ai payé, salué et je suis sorti tout joyeux ! J’ai accepté l’attitude de cette jeune femme. Mais je n’ai pas compris. Était-elle étonnée d’avoir un étranger en face d’elle, déstabilisée car je lui présentais plusieurs documents à la fois que peut être je n’avais pas à présenter ? Je n’en sais rien. Peut-être était-elle simplement subjuguée par mon charme fou ? (Bon la ok j’exagère mais j’ai bien le droit de rêver une peu....) J’aurais pu sortir, énervé, en me plaignant d’un manque d’efficacité ou de je ne sais quoi d ‘autre... J’aurais gagné quoi ? Un ulcère à l’estomac, peut- être, plus d’amour de mon prochain et plus de paix intérieure ? Surement pas.

Situation 2 : Sur le marché j’avoue qu’il m’était arrivé de m’énerver, intérieurement, d’un petit truc qui aujourd’hui me remplit de joie même si je suis pressé (mais être pressé au Cambodge c’est déjà une attitude inadaptée !) Je demande toujours une facture pour les achats professionnels et là, c’est une aventure qui commence. Il faut d’abord que la vendeuse, ou le vendeur, trouve un facturier ou qu’il trouve le cahier d’écolier dont il déchire une page. Mais le plus rigolo c’est quand il donne l’impression de découvrir les touches de la calculatrice qui pourtant semble lui appartenir et qu’il tape et retape les chiffres, recompte le nombre de zéros (1$ = 4000៛) et les tape à chaque fois avec un mélange d’hésitation et de conviction. Je crois vraiment m’en amuser comme un Cambodgien s’étonne de mon poids sans pouvoir comprendre que l’on soit si gros ! En plus, quand la facture arrive enfin à la suite de ce parcours du combattant, c’est un tel soulagement, une telle joie ! Et encore, je n’ai pas évoqué le stylo !

Situation 3 : Dans les restaurants, gargote en tous genres il est presque impossible que l’on serve exactement ce que l’on a commandé. Et la commande arrive quasi systématiquement dans le désordre, genre dessert en premier et boissons au moment où tu t’apprête à payer l’addition. Je précise que j’ai fait trois ans d’école hôtelière, je suis bien au fait des « règles » du métier. Eh bien, je ne m’en fais pas et je prends les plats comme ils arrivent. Par exemple, une fois par mois, avec un collègue, nous allons manger dans un endroit un peu mieux que d’habitude. La dernière fois, chez « Blue Pumpkin » j’ai mangé, dans l’ordre, un café, une délicieuse mousse aux fruits de la passion, suivi d’une pizza... au moment de payer l’addition, le serveur nous a apporté un verre d’eau qu’il avait oublié auparavant ! Et bien pas de problème pour moi, je dirais même plus, je m’amuse et je me rappelle l’Angleterre ou l’on mange du Stilton avec du porto sur des crackers à fromage après le dessert !

Situation 4 : Au foyer, nous avons un planning pour les tâches ménagères, ménage, cuisine. La seule chose qui se fasse sans qu’il soit besoin de le rappeler est la cuisine. Pour le ménage, ils oublient systématiquement. Je ne comprends pas pourquoi ! Si ce n’était que 1 ou 2 ou seulement 10 jeunes qui ne se souvienne pas que le lundi ils doivent par exemple nettoyer l’escalier, je comprendrais... Mais, dans ce cas, c’est vraiment 95% de nos jeunes qui oublient. Et, quand on leur rappel ils ont l’air complétement surpris ! Je dis, surpris, vraiment surpris, comme si on leur annonçait que des martiens attendaient à la porte ! C’est général, je ne comprends pas. Et, quand ils mènent leur tâche à bien c’est le plus souvent très bien fait ! Encore un mystère ! Une fois de plus, je m’adapte, je rappel et je rappel et tout ce passe bien.

Situation 5 : J’avais besoin de papier plastique transparent en rouleau pour couvrir les livres de la bibliothèque. Je vais donc, non pas chez un vendeur de téléphones portables qui aurait, lui, pu être légitimement étonné de ma demande. Je vais donc chez « IBC » qui est un magasin qui vend des livres et des fournitures scolaires et de bureau. Et bien le(s) vendeur(s) ma refait le coup si souvent joué : un air tout à fait stupéfait lorsque j’ai formulé ma requête. Demander de papier transparent pour couvrir des livres dans un lieu qui vend du papier et des livres... qu’elle demande saugrenue ! Apres avoir discuté avec deux collègues, le vendeur me propose des feuilles pour plastifier des documents à l’aide d’une machine. Bien essayé, mais ce n’est pas ce qu’il me faut ! J’avais un plan B !... Un deuxième magasin du même genre appelé « Angkor Thom Bookshop » Et le même scénario, étonnement, discussions mais finalement, le directeur qui avait été appelé à la rescousse, a envoyé la vendeuse chercher le fameux rouleau de 5kg de plastique pour recouvrir les livres. Plus le temps passe, plus je m’amuse de ces situations car j’anticipe les réactions des gens et j’en profite encore plus !

Quelle joie d’être au Cambodge !

Je terminerais en posant cette questions à ceux qui vivent hors de leur pays, étrangers, immigres et autres expat :

Et toi, ou en es-tu de ton rapport à la différence ? Sais-tu apprécier ou au moins accepter ce qui est diffèrent de ton pays, de ta culture d’origine ?

Si tu penses que, décidément, c’est bien mieux dans ton pays d’origine, tu entres probablement dans la catégorie des parasites. Tu peux lire mon billet à ce sujet. Du fond du cœur je te souhaite de pouvoir rentrer chez toi le plus vite possible !

 

 

À propos des photos de ce billet en particulier et de ce blog en général: Elles ne sont majoritairement pas de moi, je les ai trouvées sur internet très facilement. Si toutefois vous trouviez l’une de vos photos et que vous souhaitiez que je la retire, n’hésitez pas à me contacter, je le ferais immédiatement en vous priant de bien vouloir excuser mon sans-gêne !

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Un regard sur l’immigration, la mienne, celle des autres...
  • Immigré positif ou parasite ? Je suis un Français qui a immigré au Cambodge. Cela modifie mon regard sur l’immigration en général, m’interroge en profondeur, m’énerve, me rend triste ou me remplit de joie. C’est tout cela que je partage dans ce blog.
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